La révolution industrielle verte, poussée par le resserrement des réglementations sur les émissions entre autres facteurs, et permise par une explosion des investissements privés et publics, impacte actuellement les marchés de plusieurs des « métaux verts » du portefeuille CDMR. Au début d’une année de grande incertitude économique, voici un résumé des facteurs affectant les métaux qui serviront a la décarbonation du monde de demain.

 

Les Platinoïdes

 

Le CDMR investit actuellement dans deux des six métaux du groupe du platine.

 

Les métaux du groupe du platine, ou platinoïdes, sont le platine, le ruthénium, le rhodium, le palladium, l’osmium, et l’iridium. Ils sont essentiels pour un large – et sans cesse croissant – éventail d’applications industrielles.

 

Le rhodium est nécessaire pour le traitement des oxydes nitreux produits par les moteurs à combustion.

 

Le rhodium, métal infiniment rare du groupe des platines, est nécessaire au traitement des oxydes d’azote issus des moteurs thermiques. Le durcissement des normes antipollution, y compris en Chine, ont déclenché une forte croissance de la demande alors que le déficit structurel de l’offre (provenant du sous-investissement chronique dans les mines de platine sud-africaines dont il est quasi-exclusivement issu) s’est encore accru cette année avec la baisse de la production due à la crise sanitaire.

 

Le Covid est un facteur qui s’ajoute au sous-investissement chronique dans les mines de platine sud-africaines.

 

Ayant choisi d’investir dans le rhodium en 2014, nous avons vendu notre position en janvier 2020 après avoir multiplié par sept son prix depuis l’achat.

Pourtant, nous n’aurions pas pu prédire au point de vente qu’Anglo American Platinum allait fermer son usine Anglo Converter ACP de traitement du minerai à la suite d’une explosion dans le convertisseur de l’unité A le 10 février. Au mois de mars, c’est de l’eau qui a été détectée dans le four de l’unité B, entrainant des risques d’explosion.

La décision prise de fermer à son tour l’unité B a obligé Anglo American Platinum à stopper le raffinage du minerai et à déclarer la force majeure. Les travaux nécessaires à la remise en état de l’usine ont, couplé au confinement qui a interrompu la production minière durant plusieurs semaines au printemps, très fortement impacté la production de platinoïdes durant l’année.

L’impact de ces évènements a été spécifiquement fort sur le marché du rhodium (dont plus de 80% provient d’Afrique du Sud) du fait de sa rareté et du temps long nécessaire à son raffinage. Ayant vendu notre stock à bon prix (le précédent record historique de ce métal étant à 10 000 USD/once) nous n’avons pas souhaité en racheter car nous pensions que le risque de retournement de marché en cas de retour à la normale était trop important.

 

L’une des nombreuses utilisations du ruthénium est l’électrochloration et la décontamination des eaux de ballast.

 

Nous avons en revanche conservé notre position dans le ruthénium. Investir dans le ruthénium s’est avéré être un choix judicieux et opportun: nous croyons fermement au potentiel de ce métal (pour l’électro-chloration de l’eau de ballast, pour l’électronique, et pour le développement de l’économie de l’hydrogène, entre autres applications).

La taille plus réduite du marché du ruthénium comparé à celui du rhodium (1.5 fois plus petit en volume et 10 à 15 fois plus petit en valeur) a engendré une moindre réactivité du prix. Néanmoins, le prix du ruthénium repart à la hausse en ce début d’année et nous sommes très confiants dans son potentiel du fait notamment de l’élasticité prix de la demande qui est plus faible que pour les autres platinoïdes.

Concernant les autres platinoïdes, les dernières actualités scientifiques sont mitigées. Une nouvelle technologie développée par BASF pourrait permettre un remplacement partiel du palladium par du platine dans les pots catalytiques des moteurs essence. Cela pourrait soutenir la demande et donc le prix de ce métal au détriment de celui du palladium.

Par ailleurs, si le très attendu essor de l’hydrogène (cf. blog précédent) devrait augmenter très fortement les besoins en platine, il semblerait qu’une substitution par du cobalt pourrait changer la donne. Des chercheurs du Pacific Northwest National Laboratory aux États-Unis ont annoncé avoir conçu un catalyseur hautement actif qui contient du cobalt entrecoupé d’azote et de carbone et qui ne nécessite donc pas de platine pour stimuler la réaction chimique produisant de l’hydrogène à partir d’eau.

Si cela se confirmait, ce serait un coup de massue pour les perspectives de demande en platine (mais un grand bond en avant pour la technologie hydrogène).

C’est la raison pour laquelle nous restons très prudents : trop d’investissements et d’innovations sont à prévoir dans l’hydrogène pour prendre des paris percutants dès aujourd’hui sur la simple promesse d’une demande extraordinaire.

 

L’Argent

 

Demande mondiale de l’argent en 2019

 

Le métal précieux se trouve dans une situation doublement favorable. Sa composante « métal précieux » peut bénéficier fortement des incertitudes monétaires et économiques qui découlent de la crise actuelle. Dans le même temps, ses applications industrielles et technologiques continuent de croitre.

Ainsi, selon CRU Consulting, référence dans la recherche en métaux, la demande en argent pour alimenter la croissance du marché photovoltaïque pourrait représenter 888 millions d’onces d’ici à 2030, soit 90% de plus que la production totale globale de 2019. Par ailleurs, le déploiement de la 5G va accroitre considérablement la demande électronique.

 

Les Ferro-alliages

Les ferro-alliages dans leur ensemble ont rebondi ces derniers mois grâce à la reprise de l’activité industrielle en Chine. Cela nous a donné raison d’investir dans le ferro-tungstène et d’investir dans le ferro-vanadium. La hausse récente des stocks dans les aciéries chinoises et la reprise de la pandémie mettent néanmoins cette dynamique à risque. La visibilité est de ce fait assez faible concernant la demande à court terme.

 

Le Cobalt

 

Le cobalt est un composant essentiel des batteries de voitures électriques.

 

Le lithium, le cuivre, le nickel et le cobalt ont reçu récemment une presse considérable en tant que métaux indispensables pour les batteries de VE, et dont la montée en puissance est observée avec un grand intérêt par de nombreux investisseurs.

Toutefois, bien que le cobalt ait bénéficié de la hausse de la demande pour les VE, nous demeurerons encore loin des prix de 2018  (39 000 USD/tonne au 21 janvier vs 95 000 USD/tonne lors du pic de 2018). Par conséquent, investir dans des métaux verts pour batteries tels que le cobalt pourrait encore représenter une opportunité importante en 2021.

La National Food and Strategic Reserves Administration chinoise stockerait par ailleurs, selon Roskill, environ 5 000 tonnes de cobalt cette année (3.5 à 4% de la production mondiale).

Néanmoins, comme pour l’argent, la CDMR avait augmenté sa position dans le cobalt à bon compte et reste confiante dans son potentiel de hausse.

Note: Ces articles de blog seront les derniers à rendre publiques nos analyses spécifiques des marchés des métaux rares et nos prévisions associées concernant l’investissement dans les métaux rares. A partir d’avril 2021, nos analyses et prévisions trimestrielles ne seront disponibles que pour nos investisseurs et abonnés payants.

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